De gros poissons attirés par le vin « naturel »
Depuis un papier du 4 janvier 2017 dans la RVF, la rumeur enfle sur le rachat du célèbre Clos Rougeard par l’homme d’affaire Martin Bouygues ou par le groupe LVMH. Personne n’a rien confirmé, mais l’annonce a fait l’effet d’une bombe dans la région qui ne voit pas d’un bon oeil ce type d’acquisition.
Avec sa dizaine d’hectares, le Clos Rougeard situé en Saumur-Champigny n’a pourtant pas les mensurations qui font habituellement frémir les hommes d’affaires en mal d’investissement. Mais voilà, Clos Rougeard est devenu en 10 ans un phénomène : leurs vins s’arrachent aux enchères à des prix bien supérieurs à de grands crus classés bordelais. Et cela s’est amplifié avec le récent décès de Charly Foucault l’un des 2 frères à la tête du domaine. Une anecdote qui tourne beaucoup sur le domaine met en lumière ce parcours atypique : en 1993, une grande dégustation à l’aveugle de pomerols 1990 fut organisée à Paris, avec les plus grands noms de l’appellation comme Petrus, Le Pin, La Conseillante ou Trotanoy, la cuvée Le Bourg de Clos Rougeard avait été glissée dans la sélection par les facétieux organisateurs. A la surprise générale, c’est cette bouteille de Saumur-Champigny qui est ressortie en tête.
Nous avons repris les courbes publiées par Idealwine en 2015 sur le prix des ventes des vins de Clos Rougeard, les amateurs du monde entier ont fait littéralement exploser les cours de la cuvée Le Bourg 1990
Cette rumeur de rachat a de quoi rendre chafouin les amateurs de la première heure qui ont soutenu la démarche de la Famille Foucault qui n’a jamais suivi les modes, refusé la chimie dès les années 60 et toujours limité les interventions à la cave. Toujours sur Idealwine l’un des frères Foucault s’expliquait : « « Dans les années 1960, quand notre père a vu débouler les désherbants et les pesticides, il a tout de suite compris le danger que cela représentait pour la santé et pour la vie des sols. Au début des années 1970, l’agriculture biologique n’était pas reconnue par le ministère et la plupart des vignerons nous prenaient pour des illuminés. Aujourd’hui, c’est l’inverse ! »
Une approche de vin « naturel » qui semble sans rapport avec l’image qui colle au tycoon du BTP ou au groupe LVMH plus habitués aux étiquettes bordelaises ou champenoises. Cet intérêt des financiers pour un tel domaine, enfonce le clou de l’engouement pour les vins « propres » (aucun adjectif ne semble vouloir bien définir une telle approche), qui pourraient nous faire penser qu’il souffle comme un vent de changement…opportuniste certes, mais peut-être salutaire.
Laisser un commentaire