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Du vin dans les tranchées

Le 11 novembre est l’occasion de célébrer le centenaire de l’armistice et, fait moins connu, la naissance de ce phénomène français qu’est l’amour du vin. Compagnon d’armes des Poilus, il est de tous les combats et devient vite la boisson incontournable des tranchées. Pinasse, pinard ou vinasse, quel que soit son sobriquet, il donne du baume au cœur et s’impose comme le breuvage patriote par excellence. Retour sur les années 14-18 et le rôle si ambivalent joué par le vin pendant la Première Guerre.

1914 : le vin coule à flots

Après des vendanges qu’on peut qualifier d’excellentes en 1913, les vignerons du midi ont du mal à écouler leurs stocks. On les retrouve donc, dès août 1914, à proximité des gares françaises à distribuer des rasades de vin aux soldats en partance sur le front. À l’époque, le vin n’est pas encore répandu dans toutes les régions de France, notamment dans le Nord et l’Ouest où les gens sont plus habitués à consommer des alcools industriels ou du cidre.

Dès le début de la Grande Guerre, c’est plus d’un tiers de la production nationale de vin qui est réquisitionnée pour distribution aux soldats. 25 cl en 1914, 50 cl en 1916 et même 75 cl en 1918… Les rations des Poilus s’agrémentent progressivement d’une bonne dose de vin censée donner de l’ardeur aux combattants.

Tous derrière le général Pinard

ob_a7e11b_image-fournie-historial-peronne-montraÀ l’époque, le vin distribué est plutôt qualifié de piquette et il ne fait encore que 9°, mais il sait réchauffer le cœur des soldats. Pour lutter contre le froid, les microbes, le mal du pays, la perte d’un camarade et aussi pour se donner du courage avant le combat, le pinard représente souvent la seule alternative à une eau souillée. Facteur de lien social, il fluidifie les rapports entre camarades et avec la hiérarchie. À tel point que l’État Major français adopte une position mitigée sur le sujet. On peut alors parler d’alcoolisation incitative, habilement maniée par les autorités qui ferment les yeux sur les risques d’alcoolisme massif. Tandis que d’autres accusent le vin par son côté désinhibant, d’être la source de conflits au sein des armées, au point d’entraîner ponctuellement des révoltes.

Ce qui est sûr c’est qu’en 1918, les hommes du front rentrent chez eux et emportent avec eux le goût, voire l’accoutumance, du vin. Désormais, il est consommé dans toutes les régions de notre pays et sa consommation décolle à plus de 140 litres par an et par habitant. Le vin avec la guerre est véritablement devenu « intouchable ».

Un assemblage qui rassemble

Même si le mot « pinard » vient de « Pinot », l’écrasante majorité des vins distribués dans les tranchées sont plutôt des assemblages de vins costauds du Languedoc et de vins plus légers du Beaujolais et des Charentes. Une partie provient également des grands vignobles industriels d’Algérie, d’autant plus que la consommation augmente et que la production française stagne. En effet, les hommes sont au front et ce sont donc les femmes qui assurent les vendanges, soit deux fois moins de main d’œuvre qu’en temps normal.

Mais, si la quantité est tout de même au rendez-vous, la qualité laisse à désirer. Qualifié de « piquette », le compagnon des Poilus est souvent frelaté, coupé ou « mouillé », c’est-à-dire coupé avec de l’eau. Il faudra donc attendre encore un peu avant de voir s’imposer « le bon vin » sur les tables françaises. Cependant, les jours de fête comme le 1er janvier ou le 14 juillet, c’est carrément du champagne qui s’invite dans les tranchées avec une bouteille pour 4 hommes, accompagnée d’un  cigare.

Aux 4 coins de la France

Étant données les quantités astronomiques de vin consommées sur le front, il faut mettre en place une logistique adaptée. L’intendance de l’armée n’hésite pas à utiliser des wagons réservoirs appelés wagons-foudres. Les stocks sont ainsi entreposés dans des stations magasins près du front. Puis, ce sont des automobiles qui acheminent le vin jusqu’aux soldats.  L’État Major réquisitionne également des navires spécialisés, appelés cargos-pinardiers pour acheminer le vin jusqu’au front Est.

Avec une telle organisation, ce sont entre 45 et 60 millions d’hectolitres qui sont consommés par les soldats pendant ces 4 années de guerre. Véritable bouclier liquide, le vin est cité comme un acteur de la Guerre des Tranchées. Et si nous buvons des canons aujourd’hui, c’est peut-être en lien avec cette vie de tranchée, comme un ultime geste en mémoire de ces Poilus qui se remontaient le moral en trinquant sous le terrible son du canon.

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